Patience et impatience : « J’en ai raté mes crocus ! »

Patience et impatience : « J’en ai raté mes crocus ! »

J’adore les crocus qui percent le gazon tous les ans juste devant la fenêtre de mon bureau. J’en plante tous les automnes, pour être certain qu’ils m’offrent ces moments délicieux au mois de mars…



Cette année, à la fin du mois de février, comme tous les ans, j’étais dans l’attente, je souhaitais vraiment que les crocus arrivent, pointent le bout de leur feuille délicate entre les brins d’herbe,   dans cette impatience, dans mes pensées, mes souvenirs des crocus de l’année dernière,  

« ce sera tellement beau quand ce va percer »,

« je vais pouvoir les prendre en photo pour les mettre sur le Facebook de MBSR-Lille, chouette ! »

…..bref perdu dans ces pensées, dans ces projections, dans cette impatience….


Une fin d’après-midi de début mars, alors que j’accueillais sur le pas de la porte mes enfants qui rentraient de l’école…Gaspard, mon fils de 8 ans, sans se rendre compte de ce qu’il allait dire, pressé de rentrer pour jouer au foot dans le jardin ou aller voir si les nouvelles poules avaient passé une bonne journée…prononce les mots suivants :


« Au fait papa, t’as vu tes crocus, ils sont tous fleuris !! »


Ahhhhh, non, ce n’est pas vrai, j’ai rien vu venir, rien vu percer, rien vu pousser, mais quel idiot je suis !! Tellement absorbé dans mes pensées, dans mon impatience,…


A force d’être impatient, j’en ai raté mes crocus…

C’est un peu comme, l’histoire de cet homme qui trouve un papillon sur le point de sortir de sa chrysalide et qui, pour l’aider, dans l’impatiente de voir le papillon s’envoler, force l’ouverture de la chrysalide. Quand le papillon sort, l’homme constate que ses ailes n’arrivent pas à s’ouvrir complètement. Il comprend alors qu’une des choses qui permettent au papillon de déployer ses ailes, c’est la force qu’il doit mettre en œuvre pour sortir de sa chrysalide. C’est cet effort qui permet ensuite aux ailes de s’ouvrir.


On l’achète ou, la patience ?

La patiente est des attitudes clés de la pleine conscience, à côté d’autres attitudes comme le non-jugement, l’esprit du débutant, la confiance, le non-effort, l’acceptation et le laisser être.

Cette patience se cultive et ne se décrète pas. Même si elle est en nous tous, elle nécessite d’être arrosée régulièrement.


Jon Kabat Zinn nous dit que la patience se manifeste lorsque nous ne sommes pas pressés que quelque chose arrive ou pressé d’arriver quelque part. C’est en quelque sorte de se souvenir que chaque chose advient en son temps. On ne peut hâter et accélérer le rythme des saisons.


Lorsque l’on regarde bien ce qui se cache derrière l’absence de patience, donc de l’impatience, nous pouvons parfois y trouver la volonté d’avoir quelque chose d’autre, un état, un objet, une émotion. Quelque chose d’autre que ce que nous avons déjà.


Mais si on veut autre chose, c’est que nous ne sommes pas « OK » avec ce qui est là, ici et maintenant. En y regardant encore de plus près, nous pouvons même y trouver une forme de la colère envers les autres ou envers nous-même, comme pour trouver un responsable à ce qui selon nous ne va pas dans l’instant.


Au cours d’une démarche personnelle, la motivation à ne plus souffrir est une chose que nous pouvons honorer mais attention à ce qu’elle ne s’installe pas durablement comme notre unique moteur et alors, en sape notre travail avec la pleine conscience.


D’une certaine manière, ce qui est ici et que nous refusons, est déjà là, que nous le voulions ou pas. Nous avons ces expériences, elles font partie de notre vie, puisse que nous les ressentons et que nous les fuyions même. Ces moments, ces expériences font partie de nos vies.


Alors l’invitation est de nous appuyer sur ces moments, ces états, ces émotions. En prendre conscience pleinement, avec notre capacité d’attention grandissante. Les sentir, les ressentir, les gouter, les remarquer, les noter…. « Comment ça fait en moi, maintenant ?».


Autrement dit, c’est actionner cette alchimie, le compostage : utiliser ce qui est là, apriori jugé comme sale, à jeter, à éviter, à masquer, pour, en y apporter notre reconnaissance, notre conscience, notre attention, faire pousser une fleur lumineuse, un légume nourrissant, quelques chose de beau, d’agréable, de bon, de vivant,…


Utiliser notre concentration pour regarder et noter ce qui est là et ainsi revenir à l’expérience de l’instant (par ce que tout est là), et ainsi donner plus d’espace à ce que nous voulions rejeter dans un mouvement de fermeture.


S’ouvrir ainsi à ce que nous sommes réellement, cette conscience qui peut « vivre » autrement ce qu’elle rencontre, d’agréable ou de désagréable, dans la danse de l’impermanence des choses.


Et si nous sommes impatients d’arriver à cela ;-) alors revenons ici en notant comme faisons-nous l’expérience de l’impatience ?


Je vous souhaite de belles impatiences.

 

Emmanuel FAURE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires: 3
  • #1

    Amalia (jeudi, 02 juin 2016 09:26)

    Bonjour Emmanuel,

    J'adore votre article; je reconnais beaucoup. Impatience et la patience... Il fait partie de la vie. Et il nous maintient pointu. Merci pour le partage!

    Cordialement,

    Amalia

  • #2

    Emmanuel (jeudi, 02 juin 2016 09:36)

    Merci Amalia pour votre commentaire.
    Belle journée.
    Emmanuel

  • #3

    de Solminihac Martine (lundi, 20 février 2017 15:29)

    Merci de nous partager ta méditation qui rejoint les conseils de mon accompagnatrice. ce qui importe en ce monde est de cultiver la patience, le silence et faire confiance. Ces trois mots accompagnent mes jours et quand pointe le doute ou la peur, ils me reviennent en mémoire.
    Bonne route sur le chemin du printemps

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